
"L’humanité progresse quand l’homme est derrière, la femme devant, et tous deux regardent dans la même direction."
"Nul n’est heureux après les quelques années de fusion. Les vieux amants se déchirent et rêvent aussitôt d’autre chose ou d’ailleurs, les jeunes parents se battent, les familles se reconstituent à peine, les monoparentales se multiplient. Et même si l’immense majorité est en couple, c’est souvent le résultat d’une impossibilité à rester seul, on se met en ménage à la première occasion potable, comblant le vide de son existence avec - et dans - l’autre ; les concubins chroniques ne savent pas plus que les vieux célibataires ce qu’est la valeur d’une relation à deux. La misère du monde déteint sur l’union."
"On dîne, on drink, on danse, on baise à corps perdu, on s’attache, on se masque, on se claque les fesses pour oublier qu’on souffre, on blesse comme on a été blessé, on quitte comme on a été quitté, le processus est relancé, comme un schéma terrible, insensé, comme une manoeuvre de conquérant désespéré, et l’on se cherche de bonnes raisons, car au fond on espère à nouveau, on espère trouver enfin, trouver mieux, pas comme l’autre, là, trop con, trop fou, trop tout, quoi ! et pourquoi pas - n’ayons pas peur du grotesque : on espère refaire sa vie."
Boris Le Roy
Actes Sud
(Il paraît qu'on parlera beaucoup de ce roman lors de la rentrée littéraire. Il sort dans un mois et propose un désenchantement très raccord avec la déprimite chronique française concernant le couple : par ailleurs, je confirme que le nombre de pages consacrées au sexe en fait un candidat parfait pour le buzz à venir.)